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A Coeur Perdu, on repart a zero !

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CHAPITRE I : Son nom

La porte s'ouvrit à la volée, interrompant ses pensées. En moins de deux secondes, cinq personnes vêtues de noir étaient entrées dans la maison. Elle n'eut même pas le loisir de réagir qu'une personne l'avait déjà relevée et bloquée contre le mur de ses puissants bras. Deux  personnes montèrent à l'étage. Une resta devant la porte et la dernière fit le tour du rez-de-chaussée.
« Tu dis un mot, tu pousses un cri, et je te descends, c'est bien compris ? », lui chuchota l'homme qui la retenait, alors qu'elle sentait tout juste le flingue pressé contre sa jambe. L'arme n'ayant pas encore fait feu,  elle dégageait déjà une chaleur inquiétante. Qui aurait cru que la mort puisse vous embrasser de ses bras chaleureux ? Elle sentait déjà la balle s'enfoncer dans sa cuisse, sa poitrine, son cœur, la vie filer de son corps, bientôt froid et inerte. Une hymne au feu et à la glace se jouait en elle.
« Madame X, il est temps que vous sortiez, nous savons que vous êtes là ! », cria une voix à l'étage, la ramenant, le temps d'un instant, à la réalité. Il est difficile de se dire qu'une vie pouvait dépendre d'un objet si petit et si insignifiant. La petitesse de la balle était une vérité générale, mais son insignifiance faisait débat au regard de son utilisation… Ou plutôt de son utilisateur.
« Nous avons votre fille, et nous n'hésiterons pas à tirer. » Elle voyait des ombres autour d'elle. Si elle avait été un peu plus croyante, son esprit aurait pu se prendre à imaginer des âmes, des fantômes l'accueillant à bras ouverts. Les mouvements étaient furtifs mais perceptibles, et pourtant son esprit ne réalisait pas la menace. Ou ne la réalisait que trop bien. Elle entendit crier aussi, un jeune homme, au téléphone, ou à une sorte de micro, elle ne fit pas vraiment la différence. L'homme qui la tenait, visiblement lassé de jouer au jeu du silence, se mit à crier à l'engin :
« Oh t'as gueule, tu savais que c'était le plan, c'est toi qui a pas voulu nous écouter ... Non tu ne feras pas ça, tu le sais, sinon tout est foutu pour toi ... Mais ça ne changera rien, tu le sais ! ... H, bordel, t'as gueule ! » Ce prénom lui rappelait un vague souvenir. Son esprit se liquéfiait aussi vite que ses membres se tétanisaient. Sa faculté de réfléchir était complètement obstruée par des noms qui résonnaient dans sa tête. H. Maman. H. Maman. H. MAMAN.
« Ta mère veut pas descendre ? J'vais la faire descendre pour nous si ça ne tient qu'à ça ! ». Tout s'accéléra d'un coup. Les ombres auparavant indéfinissables apparurent par flash dans son esprit, un rideau était tiré sur la scène du mystère. Ses personnes, qu'elle avait un jour appelé amis, étaient dans sa maison, grimpaient ses escaliers, et elle était réduite au statut de spectatrice du drame de sa propre vie. Serrant sa mâchoire d'une poigne ferme, son tortionnaire lui tourna brutalement le visage et lui murmura de nouveau quelque chose à l'oreille :
« Crie à ta mère comme tu l'aimes ! » Elle ne réussit qu'à émettre un marmonnement inaudible. Elle sentait ses jambes fléchir, son esprit partait, elle sombrait petit à petit dans l'inconscience. Ses idées se brouillaient aussi bien que sa vue, son visage s'humidifiait. N'étions-nous pas censée voir sa vie défilée devant ses yeux avant de mourir ? N'allait-elle donc avoir aucun adieu héroïque ? La peur s'emparait d'elle, empêchant toute réaction appropriée. L'homme lui mit une gifle pour la maintenir en état, la ramenant dans le monde des vivants. Exactement l'effet escompté par l'homme.
« T'as gueule H, je fais ça pour son bien merde ! »
Sa poitrine se déchirait, elle suffoquait, elle allait mourir, elle le sentait. L'homme la jeta nonchalamment par terre. Sonnée, ce qui lui arrivait lui apparaissait sous une toile d'émotions. Tout n'était que brouillard. A travers le voile qui cachait ses yeux, elle aperçut tout de même avec effroi l'arme pointée sur elle. Elle entendit aussi la porte cédée à l'étage, et des éclats de verres. Un unique cri parvint à ses oreilles. Et la balle vint se loger dans son corps. Elle entendit à peine un homme crié « Merde, rattrapez-la ! », qu'elle sombrait déjà dans un repos prolongé, inconsciente de la douleur et de son entourage.

*****

Il avait assisté à tout cela. Complice aussi bien qu'acteur, il s'était laissé embarquer, une fois de plus. Et cette fois-ci, il avait ressenti. Il avait ressenti cette chaleur humaine qu'offre l'amour. Il avait ressenti ce mal être intarissable qu'incombe le mensonge. Il avait ressenti la beauté de leur moment. Il avait ressenti sa détresse, son besoin d'amour, mais aussi de vérité. Et il avait fermé les yeux là-dessus. Il avait laissé place à la douleur, celle apportée par l'amour bafoué, à la trahison, celle qu'entraînait la tromperie. Il en était conscient. Ce soir-là, il s'était consciencieusement rangé du côté du public. La frontière entre réalité et comédie avait désormais cessé d'être et il était devenu spectateur du drame qu'était sa vie, spectateur de la tragédie qu'il avait crée. Et comme dans toute bonne tragédie, des personnes risquaient de mourir, d'autres d'être blessés. Les plus touchés seraient sûrement les vivants, ceux qui apprendraient à vivre avec les cicatrices du passé, ruminant leurs erreurs aussi bien que les délicieux souvenirs, morts à tout jamais. Ne resteraient que des images imparfaites d'un bonheur au passé.
Une part des ténèbres est tapie en chacun de nous, cette noirceur qui fait que l'humanité ne peut qu'espérer, sans jamais l'atteindre, le titre de « parfait », cette haine que nous alimentons chaque jour, cette cruauté qui nous fait nous demander ce qu'être « humain » veut dire. Nous sommes introduits dans un monde de chaos. Soldats de notre propre vie, nous combattons les forces de nos esprits. Chaque jour nous subissons des pertes. L'espoir de revenir sain et sauf grandit en nous. Mais nous perdons pied. Le monde s'écroule autour de nous. Ce soir-là, une personne a été blessée. La limite entre humanité et ténèbres est de plus en plus obscur. Qu'adviendra-t-il de notre héritage sur cette Terre ? Comment l'histoire se souviendra-t-elle de nous ? Cette obscurité a-t-elle un nom ? Son nom ?
Bon voilà, j'vous l'avais annoncé dans mon journal, et aujourd'hui j'ai décidé de vous poster le chapitre 1. En fait j'pense qu'avoir votre avis m'aiderait beaucoup à avancer, donc ben allons-y ! Et ne macher pas vos mots, vous pouvez me critiquer à souhait, je suis à la recherche de ça :)
Merci d'avance tout le monde !
Ah oui et même ceux qui ne lisent que quelques mots, s'il vous plait, laisser un commentaire, une première impression, pourquoi vous continuez pas à lire ? Bref, quelque chose qui me dit ce que vous en pensez, s'iiiil vous plaiiiit !

Merci merci :)
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Comments15
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nonsta's avatar
Fort bien :) Je ne sais pas si tu as déjà entendue de la notion du monologue intérieur? Si tu as lu l'Ulysse de Joice, c'est le procédés narratif utilisé dans ce livre, ou encore Tandis que j'agonise, de Faulkner (un meilleur exemple). Enfin, ton premier paragraphe me fait penser à ce procédés. Enfin, c'est peut être qqchose qui pourrait t'interesser à développer davantage si tu ne connaissais pas déjà cette notion :)
sinon j'adore le texte, le thème du mal en tous et chacun qui peut d'un coups prendre possession de l'homme et le placer d'acteur à spectateur du mal qu'il engendre, donc une certaine impossibilité de contrôler l'effet de ses actions qui peut p-t suggérer qu'il y a une certaine forme de transcendance du mal auquel l'homme est soumis à partir d'un certain point.