Je suis.

Je suis une tortue, une tortue avec une carapace. J'encaisse sans rien dire. J'ai cette couche épaisse qui me permet de tout supporter. Les coups ne me font plus peur, ils me renforcent. Douleur, tu n'es plus qu'ombre. Tu es devenu mon double, mon mauvais double, ce mauvais moi que je ne veux pas voir resurgir, le faible. Il est désormais derrière moi, il me suit, guette le moment de se manifester, épit chacune de mes réactions. Mais il n'en est rien. Combativité, tu es ma nouvelle force ! Je rayonne de vitalité, je t'aspire, démon, tu n'es qu'une couche de plus à ma carapace. Je ne te crains plus, tu ne m'effraies plus. Tu es devenu une ombre parmi d'autres. Tu restes ce mauvais souvenir qui me hante. Mais grâce à toi, je sais savourer la vie, tu m'as appris que le malheur peut briser, mais j'apprends aujourd'hui que le bonheur me nourrit.

Je suis un caméléon, un caméléon aux multiples facettes. Je m'adapte, me fond dans la masse. Personnalité amovible. Même en me tournant dans tous les sens, on ne saurait voir l'infinité de changements possibles. Tout en étant moi-même, je sais révéler un aspect plutôt qu'un. Pourtant, quand le moment est venu, je sais me faire remarquer. Tel un lion guettant sa proie, j'attends, j'observe puis j'attaque. Sauf que je ne parlerai pas de proie mais plutôt de personnes, ceux avec qui j'évolue jour après jour. Ma source de vie. Ma raison d'être. Ce sont eux qui me permettent de m'adapter mais aussi de me révéler, d'affirmer mon moi. Ne pas se fier aux apparences. Certes, parfois on se laisse prendre à ces clichés, et pourtant, la vérité elle-même est bien plus charmante.  

Je suis ce singe, celui au grand sourire. On l'a tous croisé au zoo. Celui qui fait le clown, celui qui est si naturel et pourtant si drôle. Celui qui ne se prend pas au sérieux. Reflet dans un miroir. Aperçu ce mois-ci, un sourire. Cette douce musique, chantant pour moi, serait-ce... serait-ce un rire ? Je glousse, je ris même. Ce n'est plus cet ensemble de globules mélangés à du liquide mais bien la vie que je sens couler dans mes veines. Je ne suis plus qu'un corps qui bouge, mais un corps pensant, pensant et aimant, aimant et aimé.

Aujourd'hui, je peux le dire haut et fort, je suis. Je ne sais pas encore exactement ce que c'est, je ne sais pas tout à fait comment fonctionne ce nouveau principe, mais je suis. Je ne suis pas parce qu'on me l'a dit, je suis parce que je le sais. Et j'apprends à être moi.